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dimanche 6 janvier 2008

Mexico, 21 millions d'âmes, 200 000 taxis et la plus haute tour d'Amérique Latine

Les murs blanc cassé du salon joignent les deux baies vitrées qui encadrent mon début de soirée. Avachie sur le canapé, les genoux relevés à hauteur de mon ventre, je tente de me confectionner un espace plus à ma taille, un environnement qui me réchauffe et me rassure. Les bruits me parviennent comme tapissés par les fenêtres, le bourdonnement des voitures, le cliquetis du métrobus, le souffle coupé du vent dans les plantes du balcon et les slogans criés par le vendeur ambulant de tamales se mêlent entre eux pour s'enrouler autour de moi comme une couverture légère. Les images bleutées du film qui défilent à la télé reflètent la vue de Mexico. Je relève la tête vers ce cadre sur l'extérieur découpé dans mon appartement. Mon horizon est planté de grattes-ciel, de fenêtres soudain éclairées par les mains invisibles d'un joueur d'échecs. Le ciel est une toile de fond brumeuse sur laquelle certains immeubles parviennent à peine à se détacher. Prétentieuse, la Torre Mayor domine toutes les tours et nargue le Castillo de Chaputepec qui jadis culminait le centre. Le Mexico de mon septième étage est une ville asymétrique, le dessin d'une équation à mille inconnues, un puzzle sans coin. Il me semble que Mexico projette toujours à la face de ses passagers le reflet de leurs états d'âme. Elle sait envelopper de façon rassurante mes envies ou au contraire, se faire tentaculaire lorsque je ne suis plus sûre de mon chemin. Ordonné en "cuadras", en pâtés de maison dessinés à l'équerre, cet imbroglio de tiendas, puestos de tacos et de trottoirs escarpés peut soudain me donner le vertige. La ville est un monde inversé où les étoiles sont tombées sur la plaine pour éclairer l'ancien lac de Tenochtitlan.

Mexico, tu restes l'étrangère même pour les taxis qui arpentent tes avenues sans fin, Insurgentes ou Reforma, depuis plusieurs décades. Titanesque, tu dévores tes enfants s'il manquent d'humilité. Insurgée, tu fais voler en éclat toutes les règles qui prétendent calculer la portée de tes excès. Un jour ou l'autre, nous sommes touchés par ton implacable appétit. Tu nous élèves pour rendre notre chute irrésistible. Pour mieux te connaître, j'ai décidé de me laisser submerger. Je suis prête. Vulnérable, j'attends.

1 commentaire:

nanie a dit…

je suis ta première fan!!
je veux la suite!!