La première fois que j’avais quitté le Mexique, sept kilos m’étaient tombés sur les hanches. Arrimés à une silhouette d’à peine un mètre soixante-cinq, ce surplus de poids me donnait des formes girondes dont mon décolleté ne se plaignait pas. Deux ans plus tard, j’avais retrouvé ma ligne, mon bonnet B et la moiteur de l’air mexicain, son odeur d’essence mélangée à un parfum de plantes grasses et d’excréments. Quand l’avion amorça sa descente sur les immeubles de la capitale, encore luisants sous le soleil du crépuscule, je ressentis une excitation profonde, un mélange de souvenirs, d’espoirs et de tension. J’ai toujours eu peur de l’atterrissage. Mon Ipod jouait une chanson de Terry Jacks. J’ôtai d’un geste sec mes écouteurs et refermait Sous le volcan de Malcolm Lowry. Le Consul, une bouteille de mezcal à la main, venait juste de retrouver son Yvonne.
- Voyez mademoiselle, l’air est moins dense en altitude, la portance est moins bonne qu’ailleurs à Mexico. C’est pour cela que l’avion garde une certaine allure avant de se poser.
Malgré son effort de persuasion, le steward n’était pas des plus rassurants. Au fond, ma crainte de l’atterrissage ne pesait rien à côté de ma peur du retour en arrière. J’avais voulu que ce voyage fût un bond en avant. Je finissais mes études, j’avais trouvé mon premier emploi, je quittais mes amis pour être plus sûre d’eux encore. Peut-être. J’étais convaincue de partir sans regret, en ayant eu les bonnes disputes, de celles qui libèrent et que l’on a imaginées vingt fois devant son reflet trop sage sans jamais être certaine d’être un jour à la hauteur du scénario fixé. L’avion se posa sans heurt. Je me levai et me préparai à sortir par la rampe d’accès. Ma peau, poisseuse, se collait à mon débardeur bleu.
-Vous croiserez surement Stéphane Bern en sortant. Il a pris ce vol, je crois qu’il va filmer un documentaire sur le Mexique.
Monsieur Bern attendait ses valises à côté de moi. Petit, le nez aquilin, le buste étroit, fatigué. La jetset parisienne perdait de son attrait, si tant est qu’elle en eût, dans l’aéroport de Benito Juarez après dix heures de vol. Il avait morflé le Stéphane. Une longue file d’attente s’était formée devant les postes des douanes. À tout hasard, je m’étais présentée devant le bureau réservé aux « diplomáticos » y aux « equipajes », les diplomates et les personnes voyageant avec un handicap ou avec un bébé, au choix. Une association qui ne manquait pas de bon sens, songeai-je. Devant moi, un vieil homme apparemment mexicain et dont la barbe avait conservé un gris soutenu, fut invité à passer sur son sol natal dans son fauteuil roulant. Je portais mon large gros sac-à-dos vert, une paire de baskets fatiguée, je ne correspondais pas exactement à l’idée que d’aucun se faisait du personnel des ambassades.
-Mira, que hace esa chava aqui ?
5 commentaires:
merci ma chérie pour cette introduction de ta vie mexicaine .. comment dire ça ... disons seulement que tu donnes envie .. envie de savoir , de connaitre la suite , de tourner les pages de ta vie loin de moi....
ca a l air un peu trop bien le mexique... j espère quand meme que tu vas revenir ;-)
Oui c'est un peu trop bien... et je viens d'apprendre que j'allais sans doute rester encore un an... mais je continuerai d'écrire pour que vous soyez près de moi!
je suis fan! Ecris vite la suite de tes aventures au mexique...
Je t'envie ;-)
Gros bisous de Paris!
ET Stéphane Bern dans tout ça, il est devenu quoi ? Loool ! en tout cas c'ets sympa de te lire comme ça !
C'est marrant ça me rappelle un début de bouquin que j'avais commencé à écrire au collge et jamais fini comme d'hab').
En out cas si tu restes un an de plus il va falloir que l'on vienne te rendre visite avec les autres cocottes !
Bisous
Ju
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